Hier soir nous avons retrouvé maman pour dîner dans une succulente crêperie, puis mes grands parents pour aller au théatre Antoine. Une pièce choisie par maman, des places choisies (et offertes....) par mami.... (au second rang, on voyait remarquablement les acteurs).
C'était très très bien. J'ai toutefois eu du mal à rire à gorge déployée comme une bonne partie du public. Les scènes étaient dures psychologiquement, je crois que j'était trop "dedans" pour arriver à en rire... Une très bonne pièce, dont je site un extrait de l'express.
"Il fallait bien l’audace et le goût de la provocation maligne de Yasmina Reza pour intituler ainsi une pièce dont l’argument n’est que cela: une prise de bec entre deux couples de parents au sujet d’une querelle entre leurs enfants. Et pourtant, le carnage eut bel et bien lieu. Carnage sur canapé, certes, mais sous le parrainage de Bacon et de Kokoschka, deux peintres spécialistes en la matière, dont les albums présents sur la table basse seront les victimes collatérales de l’étripage.
Organisé en une série de rounds vifs à géométrie variable (couple/couple, hommes/femmes, etc.), le spectacle commence en toute douceur et civilité. Entre gens de bonnes volonté, tout va très bien s’arranger. On se présente donc: ici un quincaillier en gros et son épouse, auteur d’un livre sur le Darfour (André Marcon et Isabelle Huppert); là, un avocat d’affaires collé à son portable et Mme, conseillère en gestion de patrimoine (Eric Elmosnino et Valérie Bonneton). Des gens modernes, quoi, ni vraiment bling-bling, ni vraiment bobos. Quoique. Là-dessus, cette diablesse de Réza jette un grain de sable, oh, pas grand chose: et si le petit Ferdinand faisait des excuse à son malheureux camarade, lequel a perdu deux dents dans l’affaire? A ces mots, le dieu du carnage soulève un œil. Et la fête commence à la manière d’un Lars Noren qui aurait le goût de la comédie. Car Reza, elle aussi, pratique la férocité, la destruction, le dépeçage des conventions, la catastrophe à tous les étages, intime, politique, sociale, parentale, etc., mais avec un rire franc et sec comme une volée de bois bien appliqué.
Sous son regard de metteur en scène, les comédiens sont à leur meilleur: Marcon, mi-homme, mi-enfant, Elmosnino, cynique, lâche et grossier, Valérie Bonneton, féminissime, délicate et déterminée. Et Isabelle Huppert qui fonce sans restriction dans l’art de la comédie et y trouve une seconde nature, si ce n’est la vraie. De round en round, Yasmina Reza nourrit le dieu du carnage jusqu’à ce que seul l’essentiel subsiste: une voix mince au bord des larmes pour sauver ce qui reste."