dimanche 28 octobre 2007

Le 20 novembre

Mercredi soir nous étions au théatre. La pièce que nous avons vue, courte, n'en était pas moins boulversante.

En Allemagne, le 20 novembre 2006, un jeune étudiant de 18 ans, Sébastien Bosse, tire aveuglément sur un groupe d'étudiants. Après avoir bléssé 9 personnes, il retourne son arme contre lui. Sur internet, quelques jours auparavant, il confiait son desarroi : un témoignage désepéré où il annonçait son sinistre dessein, un peu comme s'anime un dernier espoir d'être entendu...
Auteur et metteur en scène, Lars Noren s'empare de ce suicide programmé. Il décrit une sopciété "anthropophage" qui concasse ses individus les plus vulnérables...
D'une incroyable justesse, sans affectation, la comédienne Anne Tismer incarne le personnage du jeune adolescent.
L'exhaltation, la révolte, l'enfermement, l'humiliation, le désespoir s'impriment en négatif dans un monde où la peur de l'autre réveille les instincts les plus destructeurs...

"Ecole. Formation. Travail. Pension. Mort. C’est l’EFTPM. C’est grossièrement ce à quoi ressemblent toutes nos vies. C’est ce que nous impose une société conformiste, qui refuse la différence, une société capitaliste qui ignore la faiblesse. Pire, l’humilie. Sebastien Bosse ne veut pas faire partie du moule. Il ne l’a pas pu. Depuis l’âge de six ans, ses camarades se moquent de lui, et il nous importe au fond peu de savoir pourquoi. Mais son malaise est là. Il fait partie des faibles, ceux que l’on ne veut pas voir, dont on se moque.

« Vous êtes heureux, vous ? Tu es heureux parce que tu laisses un autre trimer à ta place, tu lui laisses faire le boulot de merde. »

Avec une justesse évidente, Anne Tismer, toute en retenue, fait vivre ce jeune homme de 18 ans, qui va montrer aux autres son existence en tuant, puis en se tuant. Pour ne pas qu’on l’oublie. Il ne se justifie pas, il s’explique.

Après le spectacle nous avons eu la chance de discutter une bonne demie heure avec l'actrice. Elle nous a expliqué comment elle jouait cette pièce devant des écoles, avec un but pédagogique et thérapeutique à la fois.
En sortant, et encore bien après, je reste sur un sentiment bizarre... dans quelle société vivons nous pour rendre les gens à ce point malheureux ?

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